Alors que les djihadistes de l'Etat islamique ont connu une défaite avec la fin du siège du mont Sinjar, où étaient réfugiées des milliers d'Irakiens fuyant les massacres, le premier ministre a officiellement annoncé jeudi 14 août qu'il abandonnait le pouvoir.
Nouri Al-Maliki, premier ministre irakien depuis 2006, a annoncé dans une allocution télévisée qu'il renonçait au pouvoir et soutenait désormais son successeur, Haïder Al-Abadi. Al-Maliki, qui contestait avec vigueur la nomination d'un nouveau chef du gouvernement ces derniers jours, avait été appelé par nombre de chefs d'Etat et de représentants religieux, notamment chiites, à laisser son poste.
Critiqué pour son autoritarisme et pour son choix de marginaliser la minorité sunnite, accusé de s'accrocher au pouvoir alors que le pays s'écroule autour de lui, Al-Maliki tentait à tout prix de s'assurer un troisième mandat, malgré l'opposition des sunnites, des Kurdes, de certains chiites et des pays occidentaux.
- L'ONU salue un « pas historique » pour l'Irak
Le représentant spécial de l'ONU à Bagdad, Nickolay Mladenov, a salué la décision de Nouri Al-Maliki :
« [Cette] décision de permettre la formation d'un nouveau gouvernement sans autre retard démontre une stature d'homme d'Etat et un engagement envers le processus démocratique et la Constitution. Cela permettra un autre pas historique : une transition pacifique de gouvernement dans un pays qui a subi tant de massacres et de violence. »
Les Etats-Unis, par la voix de la conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama, Susan Rice, ont employé un vocabulaire similaire, saluant « un grand pas en avant » pour le pays. « C'est encourageant et nous espérons que cela permettra de placer l'Irak sur une nouvelle voie et d'unir son peuple contre la menace que représente l'Etat islamique », a-t-elle ajouté.
- Le siège des djihadistes à Sinjar « brisé »
Le nouveau premier ministre est considéré comme capable de former un gouvernement d'union afin notamment d'affronter la menace de l'Etat islamique (EI), dont le siège dans le nord du pays a été « brisé » selon les termes employés par Barack Obama jeudi lors d'une conférence de presse.
Le président américain a indiqué que les bombardements américains contre EI, qui ont commencé le 7 août, vont se poursuivre aussi longtemps que nécessaire pour protéger les installations américaines dans le pays avant de se féliciter d'avoir réussi à briser le siège des djihadistes autour des monts Sinjar, où s'étaient réfugiés des milliers de personnes fuyant les massacres.
« La situation dans les montagnes s'est beaucoup améliorée et les Américains devraient être fiers de nos efforts car grâce aux compétences et au professionnalisme de nos militaires et à la générosité de notre peuple nous avons brisé le siège de l'EI dans les monts Sinjar et avons sauvé beaucoup de vie innocentes. »
« Grâce à ces efforts nous ne nous attendons pas à devoir mettre en place une nouvelle opération pour évacuer des personnes, il est peu probable que nous devions poursuivre les largages d'aide humanitaire au-dessus des montagnes. »
- Entre 4 000 et 5 000 personnes encore réfugiées
Depuis le 7 août, les Etats-Unis bombardent quotidiennement les positions des djihadistes dans la région autour des monts Sinjar, où entre 20 000 à 30 000 personnes, en majorité de la minorité kurdophone et non musulmane des yézidis, s'étaient retrouvées bloquées sans eau, sans nourriture et sans abri. Grâce à l'ouverture de plusieurs corridors, elles ont pu progressivement quitter la zone en sécurité, pour se rendre notamment en Syrie ou en Turquie. Selon le Pentagone, entre 4 000 et 5 000 personnes s'y trouvent encore.
- Le Royaume-Uni ouvert à la possibilité d'armer les Kurdes
Le Royaume-Uni a dit jeudi examiner « favorablement » la possibilité d'armer les forces kurdes, selon un porte-parole du bureau du premier ministre, David Cameron.Cette évolution de la position britannique intervient à l'issue de la dernière réunion du comité d'urgence Cobra du gouvernement, qui se réunit quotidiennement depuis une semaine pour suivre la situation en Irak. Jusqu'à présent, Londres s'était contenté d'aider à transporter des fournitures militaires données par d'autres Etats aux forces kurdes mais s'était gardé de jouer un rôle plus direct.
Source : Le Monde - http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/08/14/irak-les-etats-unis-disent-avoir-brise-le-siege-djihadiste-dans-les-monts-sinjar_4471938_3218.html