Par Denissto et David Bonapartian – Lettre AIL n°13 (mai 2016) que vous pouvez commander sur la boutique de l’Agence Info Libre
Y a-t-il déjà eu un mouvement citoyen spontané, transversal qui ait abouti à une modification profonde de la politique d’un Etat ? Le mouvement nuitdebout semblait faire partie des exceptions, mais très vite les « intellectuels » de gauche tels Frédéric Lordon se sont autoproclamés grands inquisiteurs et purificateurs du mouvement. Celui-ci a déclaré : » nous ne sommes pas ici pour être amis avec tout le monde, et nous n’apportons pas la paix, nous n’avons aucun projet d’unanimité démocratique ». Il faut reconnaître à ces gens une pertinacité que ne renieraient pas leurs maîtres, comme Mao, Staline, Hitler ou Mussolini, grands hommes de gauche devant l’éternel, et spécialistes de la purification idéologique, voire plus. Il faut lever le gros nez rouge de ces clowns qui prétendent expurger le mouvement de tous les fascistes. Comme disait l’anarchiste et impartial Léo Ferré, en 1971 : « La gauche est la salle d’attente pour le fascisme, les exemples sont là (…) il y a trop de cons à gauche[1]« .
Accueil et sérénité
Le mouvement nuitdebout a été lancé à Paris suite à la diffusion du film documentaire « Merci Patron » de François Ruffin. Celui-ci a parfaitement réussi sa communication avec notamment sa sortie sur Europe1, face à Jean-Michel Apathie[2]. Cette juste colère a d’abord gagné la capitale pour se propager dans les autres villes de France et maintenant s’étaler à travers le monde, à l’instar de toutes ces révoltes populaires, mais qui, malheureusement, finissent toutes dévoyées par des sbires à la sauce Tsipras et terminer, in fine, sous la coupe des oligarchies financières mondiales.
À Paris, où se rassemblent parfois plus de 10 000 personnes et où certains intellectuels, voulant se faire voir, ont constaté par eux-mêmes la nature du mouvement, notre tout frais académicien, Alain Finkielkraut, a pu y mesurer sa cote de popularité en se faisant éjecter sans ménagement de la place de la République par le service d’ordre du mouvement, gentiment baptisé Accueil et sérénité. Toute la logistique de nos joyeux noctambules a été prise en main par des groupuscules soi-disant antifascistes qui, sentant le vent tourner, se redécouvrent, à l’image de leurs grands prédécesseurs de mai 68, les novateurs du XXIe siècle sauce Staline. Pas de liberté pour les ennemis de leur liberté qui est un voile jeté sur leur malice.
Il va de soi qu’à l’intérieur du mouvement nuitdebout, il commence à y avoir des grincements de dents tant cette récupération devient patente. Malheureusement, les dissidents, en parfaits mougeons qui s’enferment dans les tiroirs que le système leur a réservés et dont les chefs autoproclamés ont récupéré les clefs, sont incapables de se joindre à ce genre de mouvement sans déployer les étendards de leurs gourous. Il serait si simple de venir dialoguer de citoyen à citoyen avec des arguments, si tant soit peu ils en ont, plutôt que des mots d’ordre, comme cela se pratique dans tous les partis politiques.
Quel mur attend nuitdebout ?
Le gouvernement n’aime jamais autant ce genre de mouvement, tant il est clair qu’il va se dissoudre, comme la neige au premier rayon de soleil. Bientôt les examens de fin d’année, les grandes messes sportives de début d’été, comme l’Euro 2016, qui vont se bousculer à un rythme effréné, jusqu’à ce que le mougeon aille planter sa caravane au camping des flots bleus.
Comme nous l’affirmions dans un précédent numéro, il est impossible de faire tomber le système, ce monstre tentaculaire qui dépasse la compréhension humaine. Pas plus nuitdebout que la dissidence ou qu’une quelconque révolte colorée n’échappe à la règle et au Club. Tous les empires d’iniquités sont morts de leur belle mort, étouffés dans leur vomis.
[1] https://youtu.be/cqTysWm-l1E
[2] http://dai.ly/x3u0a4i
Il ne reste plus qu’à aller se pendre avec votre article
Non, pas se pendre mais il faut être réaliste. La fin devrait quand même être source d’espérance : tous les empires ont disparu, étouffés dans leur vomis. 😉
Si ce genre de vérité posée telle quelle et mise à nue vous dérange, c’est que vous n’êtes toujours pas assez réinformé et que vous faites preuve d’un piètre raisonnement. Dans ce qu’on appelle le « système » mais qui n’est que l’autre nom de la société du spectacle de la Marchandise pour reprendre le champs lexical de Debord, les évènements doivent toujours être interprétés en négatif des apparences. Il s’en suit alors l’évidence même de ce « frémissement de réveil citoyen » qui n’est rien d’autre qu’une mascarade au vu de la façon dont de la presse officielle (entendre ici néo-clergé) se bouscule pour couvrir ce non-évènement en en rapportant le moindre détail.
J’ajouterai que ce « frémissement de réveil citoyen » qui touche aussi le Yemen et qui est réprimé dans le sang n’est, étonnement, pas du tout rapporté par notre inénarable monde politico-médiatique.
Hélas dans notre drôle d’époque, le réalisme et le raisonnement pur abstrait de tout biais subjectif et idéologique se fait de plus en plus rare pour laisser, à l’inverse, toujours plus de place à l’émotivité. Cette société est déjà morte et ce n’est pas un feint « sursaut citoyen » qui critique les conséquences mais qui chérit les causes, pour reformuler la citation de Bossuet, qui changera quoi que ce soit. Comme l’a si bien dit David Bonapartian dans son commentaire ici-même et dans un précédent article, cette ère connait ses derniers soubresauts en s’étouffant dans son propre vomis.
Bien que je ne partage pas l’idée de sélection qu’il peut y avoir à Nuit Debout, comparer Frédéric Lordon à Mao, Staline, Hitler et Mussolini… C’est pas un peu capillotracté comme raisonnement ?
Je rejoins le commentaire précédent. Nous devrions nous réjouir du frémissement de réveil citoyen plutôt que de l’inonder de condescendance. Tout éveil est une bonne nouvelle et doit être encourager même si derrière on pisse dans un violon.
Nous devons réaffirmé avec clarté et force ce qui était particulièrement bien exprimé par Marx : l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.
Ce qui sous-entend que le prolétariat doit se méfier comme de la peste des élites et avant gardes de toutes sortes. Les avant gardes auto-proclamées sont condamnées à reproduire des bureaucraties et des hiérarchies dont le seul but, in fine, sera de s’approprier les bénéfices des luttes, et donc de les trahir, les assassiner. La seule chance de toute révolution est la mort de la dissidence proclamée.
http://democratisme.over-blog.com/page/2
Le Captcha est frustrant, mes commentaires ont été effacé car évidemment ça m’a pris plus de temps que le système captcha autorise pour le faire
– et hop, tout effacé.
Donc conseil: « clic droit, tout sélectionner, copier » pour conserver le texte avant de cliquer sur « poster le commentaire »
– ça vous évitera une mauvaise surprise et un coup de sang.
Comme il est écrit, c’est le dévastateur qui fait fondre la dévastation sur lui. Comme on fait des charrues pour labourer les champs, on fait des bombes atomiques. Tout est dit en quelques mots…Nuit debout ou Nuit assis rien ne changera. La seule manière d’accélérer la chute de la bête(le système) qui dévore toute la terre, c’est de se retirer de son milieu, lui tourner le dos. Mais seul un événement marquant pourra provoquer ce grand départ sur les hauteurs de nos pays. Les temps sont marqués, le jour et l’heure connu d’un seul.
Se retirer du système pourquoi pas. Mais ce n’est pas sur que ça marche. Beaucoup de ces mouvements (survivalistes, anars, marginaux, colibris …) vivent juste à coté du système sans l’aider à crever. Ce genres de groupes vivaient en 32 en Allemagne, ils n’ont rien pu empêcher. Allé ! Indice, pour provoquer la faillite du système vous pouvez acheter des métaux précieux jusqu’à que les fabricants de pièces soient obligés de se reconnaître en faillite comme la canadian mint en début d’année.