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Combien de civils palestiniens vaut un seul militant ? Infos internationales

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Source: Haaretz - 22 août 2014
Traduction : Rochelle Cohen pour Agence Info Libre

Dans la nuit du 5 Août, le Ministère de la Sécurité Intérieure et Nationale de Gaza a publié un commentaire sur sa page Facebook pour dénoncer les dégâts causés par la publication des noms et des photographies de "combattants de la résistance qui sont tombés au combat" (shahids), ainsi que des informations sur l'endroit où ils sont morts.

Le porte-parole militaire israélien a saisi ce commentaire comme une preuve irréfutable: la preuve que le Hamas dissimule délibérément les décès des militants pour gonfler les chiffres apparents de civils tués.

Les Forces de Défense Israéliennes ne pouvant pas réfuter les images de femmes et d'enfants morts qui sont diffusés à l'étranger, l'armée essaye ainsi de construire un récit qui prouve que ses objectifs - et les conséquences de ses attaques - sont légitimes.

Le Centre Meir Amit d'Information sur les Renseignements et le Terrorisme est un partenaire essentiel dans la construction de ce récit. Le centre, qui vérifie le nom de chaque Palestinien prétendument tué au combat à Gaza (il en est à 450 à ce jour) estime que quelque 46% d'entre eux sont des "agents terroristes". Ce chiffre peut changer en fonction de compléments d'enquête.

Les listes du Centre sont accompagnées de photographies d'affiches et avis de décès de certains des militants. Chaque nom est marqué "non-impliqué", "non identifié" ou "agent terroriste". La source informant de "l'implication" de chaque personne n'est pas mentionnée, excepté pour les agents dont la photographie figure dans les avis de décès ou les rapports publics de l'organisation militante à laquelle ils appartenaient.

L'aile militaire du Hamas a publié quelques-uns des noms de ses propres agents, annonçant par ailleurs la mort de hauts dirigeants militaires qui figuraient sur la liste des personnes recherchées par Israël depuis de nombreuses années: Raed Attar, Mohammed Abu Shamaleh et Mohammed Barhoum, qui ont été assassinés dans la bande de Gaza cette semaine. Si cacher les noms des morts fait vraiment partie intégrante de la stratégie de propagande du Hamas, un moyen de forger un contre-discours à celui de l'armée israélienne, cela contredit la profonde philosophie de fierté des palestiniens et du Hamas vis-a-vis de ceux qui ont été tués dans la lutte contre l'ennemi sioniste.

"Même si le Hamas avait décidé de cacher les noms de ses combattants tombés et leurs numéros pendant une longue période, les familles ne seraient pas d'accord," déclare un vétéran activiste du Hamas.

Il dit "En fin de compte, tout viendra à la lumière. Maintenant, nous ne savons pas s'il y a des combattants qui ont été tués dans les tunnels et qui sont encore enterrés là-bas, ou si ils vivent dans les tunnels. Il y a des corps qui ont été sous les décombres pendant si longtemps qu'ils sont méconnaissables."

L'armée israélienne et le Centre Amit ont vu le commentaire palestinien sur Facebook comme un avertissement et une instruction de ne pas divulguer des renseignements, à des fins de propagande. Mais les Palestiniens l'ont vu comme une expression de préoccupation. Publier les noms des pertes de vies humaines permettra à Israël de cibler leurs familles en bombardant leurs maisons, transformant ainsi encore plus de civils en "cibles" ou "dommages collatéraux."
Ce n'est pas de la propagande; c'est la réalité dans laquelle 1,8 million de Palestiniens vivent depuis ces six dernières semaines.

"L'occupation rassemble ces informations et témoignages et les utilise pour excuser ses crimes contre les civils et détruire les maisons", dit la publication du Facebook palestinien. La traduction anglaise de l'armée israélienne relayant cette publication omet les mots "contre les civils et détruire les maisons."

L'armée israélienne elle-même est très versée en dissimulation des informations sur l'emplacement exact des débarquements de roquettes pour des raisons, non pas de propagande mais de sécurité. Le Hamas également a des considérations militaires en ne mentionnant pas où ses habitants ont été tués.

La préoccupation pour les civils est justifiée. L'organisation des droits de l'homme de Gaza, al-Mizan, a indiqué que 952 personnes ont été tuées dans leurs maisons bombardées, y compris 307 enfants et 204 femmes, dont deux femmes handicapées qui se trouvaient dans un centre de réadaptation bombardé.

Jeudi 50 civils ont été ajoutés à la liste, parmi lesquels Hassan Younis, 80 ans, père du directeur d' al-Mizan, Issam Younis, et son épouse. Les 12 missiles "de précision" tirés à l'aube visaient une maison voisine dans le quartier de Tel Sultan, la maison de trois fugitifs Iz al-Din al-Qassam.

Jusqu'à présent, B'Tselem fait état de 72 bombardements directs qui ont détruit les bâtiments et tué leurs habitants. Sur les 547 personnes tuées dans ces frappes, 125 étaient des femmes de moins de 60 ans, 250 étaient des mineurs et 29 étaient des hommes et des femmes âgées de plus de 60 ans. B'Tselem donne aussi le nom d'un agent dans l'aile militaire du Hamas qui a été tué dans l'attentat.

L'armée israélienne ne dit pas pourquoi ces 72 bâtiments ont été bombardés avec leurs habitants à l'intérieur, alors qu'il a pris la peine d'avertir les centaines d'autres familles quelques minutes avant de bombarder leurs maisons.
Dans tous les cas, cibler 72 bâtiments directement et les bombarder sans avertissement ne peut être excusé ou perçu comme une erreur. L'armée israélienne ne peut expliquer le taux de dommages collatéraux ni justifier combien de personnes il est acceptable de tuer pour assassiner un seul militant.

À compter de ce jeudi, 76,8% des 2090 décès dénombrés par al-Mizan ont été des civils. Un examen préliminaire de l'équipe des Nations Unies avait montré mercredi que 71% des accidents mortels - 1434 sur 1999 - sont des civils.

L'équipe des Nations Unies, les organisations palestiniennes des Droits de l'Homme et B'Tselem examinent chaque fatalité, observent tous les corps à l'hôpital, vérifient chaque rapport de décès et s'entretiennent avec des témoins oculaires, des membres des familles et des survivants.

La tentative de saper les chiffres fournis par les groupes palestiniens indépendants qui sont plus familiers que quiconque avec le territoire, et à les présenter comme fausses ou déformées, fait partie de cette guerre. Les organisations palestiniennes sont pour le moment dans l'attente du début des investigations des commissions d'enquête internationales.

C'est pourquoi ils sont déterminés à être le plus précis dans leurs conclusions que possible. Ils veulent voir la fin de ce qu'ils considèrent comme une tradition de ne jamais punir Israël de bafouer le droit international.

Commentaires récents

  1. maussade

    Passer de victimes a bourreaux,c'est l'exercice de la bestialité ordinaire,mais israel n'est pas victime des palestiniens parqués par israel dans la bande de gaza ,prison à ciel ouvert ou tout est contrôlé:la nourriture,l'eau, les médicaments,l'argent,l'électricité.israel peut toujours essayer de manipuler son image de marque dans le bon sens,ça ne marche plus.Le sang,les larmes,les morts,la destruction ,pour tout un tas de pretextes a la con,alors qu'en réalité vous vous croyez déjà chez vous.Mais ça vous emmerdent d'etre vu tels que vous etes:de sinistres assassins parmis d'autres sinistres assassins. Vous n' etes victimes que de vous même,vous seuls pouvez vous libérer des démons qui vous hantent....C'est tout le bonheur que je vous souhaite.

  2. Bonfils

    Il y a deux pays sur cette planète qui on tout les droits, qui sont au dessus de toute les lois, qui peuvent volé arnaquer assassiner, il décide de ceux qui est bien ou mauvais et impose leur pensé unique.
    Et ceux qui ne se laisse pas voler et arnaque sont détruit et assassiner, et tous les autres les regardent et laisse faire, certain sont même complice, et cela dur depuis plus d'un demi siècle.

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