Depuis le port de Djibouti dans la corne de l’Afrique, c’est avec une grande tristesse et un sentiment de révolte que je vous annonce que le voyage du navire d’aide iranien Iran Shahed est terminé. Nous n’atteindrons pas notre destination, le port de Hudeida au Yémen, afin de livrer l’aide humanitaire.
L’échec de notre mission est le fruit d’une seule chose : le terrorisme saoudien soutenu par les Etats-Unis.
Hier, alors que notre arrivée était imminente, les forces saoudiennes ont bombardé le port de Hudeida. Ils n’ont pas bombardé le port qu’une ou même deux fois. Les forces saoudiennes ont bombardé le port d’Hudeida huit fois en une seule journée !
Le bilan définitif d’innocents dockers, marins, magasiniers et autres passants tués lors de ces huit frappes est toujours en cours d’évaluation.
De plus, les révolutionnaires yéménites ont arrêté 15 personnes hier, qui faisaient parti d’une conspiration afin d’attaquer notre vaisseau. Le plan était d’attacker l’Iran Shahed à notre arrivée, et tuer tout le monde à bord, moi y compris.
Avec ses si nombreuses actions et menaces criminelles, le régime saoudien envoyait un message à l’équipe de docteurs, techniciens médicaux, anesthésistes, et autre volontaires du Croissant Rouge à bord du navire. Le message était : « Si vous essayez d’aider les enfants affamés du Yémen nous vous tueront. »
Ces actes, faits pour terroriser et intimider ceux qui souhaitent livrer de l’aide humanitaire, sont une violation claire du droit international. Je peux dire, sans aucune hésitation, que j’ai été témoin d’un crime contre l’humanité.
Dans le contexte des menaces extrêmes des saoudiens, et après de longues négociations qui se sont tenues à Téhéran, il a été conclu que le Croissant Rouge ne pourrait accomplir sa mission. Les 2 500 tonnes de matériel médical, de nourriture et d’eau sont maintenant déchargés et confiés au Programme Alimentaire Mondial, qui s’est engagé à les livrer à notre place d’ici le 5 juin.
Djibouti et l’impérialisme américain.
Ici à Djibouti, je peux clairement voir ce que les peuples du Yémen et d’Iran combattent depuis si longtemps. Au contraire de Téhéran, ici à Djibouti je vois des foules de gens affamés. Des africains appauvris, qui cherchent désespérément une journée de travail, font la queue à l’extérieur du port. Ils sont rejoints par les réfugiés yéménites qui ont fuit les combats et fait la traversé. Ces réfugiés vivent dans des villes de tentes.
Il y a une base militaire américaine énorme ici à Djibouti, et ce petit pays de seulement 3 millions d’habitants et bien sous contrôle du néo-libéralisme occidental. Ce pays a été essentiellement créé par les impérialistes. Comme les pilleurs européens se sont partagés le continent africains entre eux, ils ont créé ce petit pays afin que des bases navales puissent être installées dans un endroit stratégique.
Les impérialistes ont faussement dessiné les frontières du continent africain de la même manière qu’ils ont divisé les peuples arabes et les peuples d’Amérique latine. Les cartes ont été dessinées afin de servir les colonisateurs, et déterminer qui avait le droit de voler et subjuguer les peuples de chaque région spécifique.
Les conditions de vie que je vois ici à Djibouti sont horribles en comparaison à l’Iran. L’Iran a brisé les chaînes de l’impérialisme, et se développe de façon indépendante. En Iran, je n’ai vu que peu de personnes mendier du travail, et ceux qui j’ai vu étaient des réfugiés venant d’Afghanistan.
Depuis l’invasion américaine de l’Afghanistan, la République Islamique d’Iran a accueilli trois millions de réfugiés, qui ont pour la plupart un emploi. Les réserves de pétroles de l’Iran sont entre les mains d’un gouvernement sorti d’une révolution populaire massive. Les revenus du pétrole ont été utilisé pour créer un vaste système de programmes sociaux.
L’un des volontaires du Croissant Rouge m’a dit : « Le gouvernement iranien a un ministère qui s’assure que toute personne souhaitant travailler dans le pays puisse travailler ». Les mères iraniennes se voient accorder des bourses garanties pour chacun de leurs enfants. L’éducation dans les universités iraniennes est totalement gratuite, et le Ministère de la Santé assure les soins de tous dans le pays.
Comparé aux millions de travailleurs immigrés mis en esclavage en Arabie Saoudite ou dans les Emirats, ou aux peuples appauvris du continent africain, même les iraniens les plus pauvres sont très, très riches. En se libérant du néo-libéralisme, l’Iran a réussi à garantir à tout son peuple un accord de sécurité économique.
Le Guide Suprême de la Révolution islamique a fortement dénoncé le système capitaliste, et a dit que les principes religieux et la compassion pour ceux qui sont dans le besoin, devraient toujours être la priorité par rapport aux profits et à la finance.
Protéger l’opprimé
Si les forces de la résistance arrivent à vaincre l’assaut saoudien, le Yémen rejoindra bientôt l’Iran comme pays indépendant. Le logo de l’organisation Ansarullah montre un homme tenant un fusil afin de représenter la résistance armée. Perpendiculairement au fusil sur le logo de Ansarullah se trouve un épi de blé, pour représenter le « développement économique. »
Tout le monde sait que les Yémen a de vastes réserves de pétroles inexploitées. Si les forces de la résistance arrivent à vaincre, ils pourraient s’emparer de ces ressources et s’en servir pour construire la société yéménite. Le Yémen pourrait alors commencer à faire de que le peuple du Venezuela a fait, et transformer leur pays avec une gestion publique des ressources naturelles.
Le groupe religieux qui dirige Ansarullah; les Zaidis, a un slogan qui est « Un vrai imam est un imam combattant. »
Leurs croyances religieuses contrastent avec celles des Wahabbites qui dirigent l’Arabie Saoudite. Les dirigeants religieux saoudiens disent que les musulmans doivent éviter de se révolter et de manifester car cela mène à l’instabilité et au chaos. Ils font allégeance aux membres du gouvernement
Les Zaidis, qui mènent Ansarullah et sont au centre de la révolution en cours au Yémen, appuie sur le fait qu’un dirigeant religieux ne fait pas le travail de Dieu, sauf s’il prend une épée ou une arme afin de « combattre pour l’opprimé. »
Alors que je prépare mon retour à Téhéran je suis encore plus convaincu par la nécessité de se débarrasser du système occidental de monopole capitaliste. Je suis revigoré dans ma conviction qu’une alliance entre toutes les forces combattant l’impérialisme est nécessaire. Peu importe qu’ils soient marxiste-léninistes, bolivariens, anarchistes, chiites, sunnites, chrétiens, ou nationalistes russes, toutes les forces qui s’opposent à la domination permanente de la planète par les banquiers de Wall Street doivent fermement faire front ensemble.
Le peuple du Yémen, comme toutes les forces de résistances dans de si nombreuses parties du monde, ont refusé de se rendre. Alors qu’ils font face à une atroce attaque avec des bombes saoudiennes fabriquées aux Etats-Unis, j’espère qu’ils ont entendu parler de notre mission humanitaire pacifique. J’espère qu’ils sont conscients que dans leur lutte contre le roi saoudien, les banquiers de Wall Street, et toutes les forces du mal, ils ne sont pas seuls. Il y a des millions de personne sur la planète qui sont de leur côté.
L’impérialisme est voué à l’échec, et toute l’humanité devrait bientôt être libre !
En complément d’information :
Yémen: un avion iranien d’aide humanitaire empêché d’atterrir à Djibouti
Et bien sûr notre reportage, tourné à Bandar Abbas en Iran avant le départ du Iran Shahed :