- Auteur : Gilad Atzmon
- Source : http://www.gilad.co.uk/writings/the-new-jewish-prophet.html - 25 juin 2014
- Traduction : Agence Info Libre - 25 juin 2014
Gilad Atzmon, dans son dernier billet, répond à Marc Ellis, qui l’a comparé dans ses écrits à un prophète biblique. A l’heure où l’alya des français juifs est en pleine croissance, Atzmon soulève quelques points qui devraient amener ces candidats à réfléchir à deux fois avant de « rentrer à la maison ». Car Gilad Atzmon, lui, est né en Israël, dont il a quitté le territoire…
Voici son billet, traduit par nos soins :
Je ne me suis jamais vu comme un prophète, encore moins un prophète Hébreu.
Je peux voir d’où Ellis vient, et pourquoi il voit un prophète en moi. D’abord, je dois souligner, que depuis de nombreuses années je ne me suis pas adressé « aux juifs ». A la place je parle de la façon dont je vois les juifs, ou plus précisément, sur la judéité, la culture juive, et la politique identitaire.
Ellis, sans aucun doute un unique juif spirituel et critique, a raison de voir en moi quelque chose qui est étranger à sa vision des juifs de diaspora. J’ai été élevé en Israël, et j’ai été amené à me voir comme le corps et l’âme du renouveau des israélites bibliques. En alignement avec mes pairs, nous croyions que nous étions les fils et filles éloignés du Roi David. Cette vision fut encore renforcée par l’Israël dans lequel j’ai été élevé : une société spartiate conduite par une culture militaire prussienne. On nous a enseigné à croire en la « véracité », « l’authenticité », et la « justice ». Nous étions patriotes car nous adhérions aveuglément à l’ethos sioniste du « retour ».
Étrangement, c’était l’israélien plus que le juif en moi qui s’est mis à protester lorsque j’ai réalisé que mon existence sur cette terre impliquait la dépossession d’une nation entière. C’était l’israélien plus que le juif en moi, qui était outré de découvrir que mes ancêtres étaient bien plus probablement des khazars ou des berbères d’Afrique du Nord que des israélites bibliques. J’étais encore plus furieux, en tant qu’israélien, lorsque j’ai découvert que ma famille n’avait pas été réduite en savon par les nazis. C’était encore l’israélien en moi qui demandait quel genre de personne invente des histoires écœurantes qui accusent des gens d’avoir transformé leur famille en savon. C’était l’israélien en moi qui m’amena à me questionner sur le fait que l’historicité de l’holocauste soit une zone scellée protégée par des lois draconiennes contre les négateurs de l’holocauste.
Je crois aussi que c’est l’israélien plus que le juif en Shlomo Sand, Gideon Levy, Israel Shamir and Israel Shahak qui a fait de nous des critiques au franc parler d’Israël, du peuple juif, du judaïsme et de la politique identitaire juive.
Au contraire des juifs de gauche de diaspora, une opposition contrôlée dédiée à la dissimulation de la judéité de l’État juif, Israël a réussi à produire les critiques les plus profondes des questions touchant aux juifs.
Il s’ensuit que c’est en fait la « négation de la Galut (diaspora) », intégrée dans une idéologie patriotique israélienne, qui fixe l’intellect israélien dans une bataille amère contre le « juif ». C’est ce comportement élastique unique que Ellis interprète comme un esprit prophétique hébraïque.
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