« Dans cette bataille qui s’engage, mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti mais il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance », promettait François Hollande dans un accès de virilité le 22 janvier 2012, lors de son discours du Bourget. Dès son élection, le même François Hollande prenait comme secrétaire général adjoint et principal conseiller financier Emmanuel Macron, jusque alors banquier associé chez Rothschild…
Après avoir influencé la politique économique du président de la République (avec le pacte de responsabilité notamment), celui dont le mentor est Jacques Attali et qu’Alain Minc surnomme affectueusement le « petit Macron » avait quitté son bureau de l’Élysée à la mi-juillet, assurant qu’il souhaitait rejoindre l’enseignement dans de grandes universités européennes. Mais le 26 août dernier, soit moins d’un mois et demi plus tard, il effectue un retour en force avec sa nomination surprise à Bercy. Comme le résume Mediapart (26 août 2014) :
Son arrivée au poste de ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique illustre aussi le glissement – peut-être définitif – du pouvoir de tous les dossiers économiques dans les mains de la technostructure de Bercy. Comme si le politique, coincé entre la haute administration des finances et la Commission européenne, avait renoncé à exercer tout pouvoir sur le sujet ou même faire semblant. »
Pour David de Rothschild, rien que de plus normal que l’ascension fulgurante d’un de ses poulains. Ce dernier indiquait en effet dans Rothschild, une banque au pouvoir (Albin Michel, septembre 2012) :
« C’est la tradition de la maison de se mettre à la disposition de la République. »
Et la journaliste Martine Orange d’expliquer :
« Pour lui, c’est revenir aux usages du passé, quand, avant guerre, les allers-retours de certains dirigeants entre les gouvernements et la banque étaient devenus une pratique habituelle. Il sait que la maison est considérée désormais comme un de ces points de passage obligés par la haute fonction publique. C’est aussi la rançon de l’influence. »
C’est ainsi qu’Emmanuel Macron est devenu, à 36 ans seulement, une des personnalités les plus influente de la République. Plongée dans le « monde de la finance »…
« Celui-là, Hollande l’a repéré de longue date et il n’a pas l’intention de le laisser très longtemps dans l’ombre. Emmanuel Macron a beau être un jeune trentenaire, il a déjà une carte de visite longue comme le bras […]. Emmanuel Macron est la perle que tout le monde s’arrache. »
Le Nouvel Observateur, 19 janvier 2012
« C’est probablement le téléphone portable le plus saturé du Tout-Paris. Parler à Emmanuel Macron relève du parcours du combattant […]. C’est l’homme de la crise de l’euro et de tous les dossiers économiques […]. Le “petit Macron” comme on le surnomme, est devenu une pièce maîtresse dans le dispositif élyséen. »
Libération, 17 octobre 2012
« N’ayant ni vocation ni l’envie de m’engager dans l’industrie ou une structure particulière, je me suis orienté vers la finance. Celle-ci me paraissait plus libre et plus entrepreneuriale que d’autres secteurs. Les métiers de la banque d’affaires sont exigeants mais extrêmement stimulants. »
Emmanuel Macron, Rue Saint-Guillaume, avril 2010
« Social-libéral décomplexé, Macron est un grand séducteur. Cette belle gueule aime les boutons de manchette et la lumière. Il est drôle, vif et horriblement ambitieux. Et depuis son passage chez Rothschild, suffisamment riche pour être à l’abri du besoin jusqu’à la fin de ses jours. »
Libération, 27 août 2014
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