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De l’utilité des écolo-utopistes, par Maurice Gendre France

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Certes, les caricatures qui circulent sur eux sont très loin d’être dénuées de fondements. Certes, leur hygiène est souvent déplorable. Certes, ils ont souvent le cerveau embrumé par une consommation excessive de 8.6 ou de « cigarettes » au contenu pas toujours licite. Certes, leurs guenilles sont une insulte au bon goût et à l’élégance française. Et après ? La ZAD de Notre-Dame des Landes, le barrage de Sivens, le plateau de Millevaches ne sont pas des podiums de défilés de haute couture. Encore que John Galliano aurait pu, il fut un temps, y trouver son bonheur… Chez tous ces militants, un réel attachement à la Beauté demeure et un refus de vivre dans un monde définitivement défiguré.

Un rapide inventaire leur donne totalement raison. Toutes ces villes saturées de grandes surfaces et encerclées de monstrueuses zones d’activités commerciales (ZAC) par exemple, ont très largement contribué à l’enlaidissement de notre cher vieux pays et à la mort des centres-ville et des commerces indispensables au lien social et aux réseaux de solidarités (à l’instar des services publics de proximité que l’État supprime…). Que dire de la disparition catastrophique des zones humides, des constructions anarchiques en zone inondable génératrices de drames, des hectares des forêts dévastés pour édifier des complexes dédiés au « terrorisme touristifiant » ( Philippe Muray) comme récemment en Isère pour un projet de Center Parcs, du bétonnage atroce du littoral pour la joie de grands promoteurs immobiliers véreux (vive les plastiqueurs corses!) etc.

A croire que les détracteurs des zadistes et des punks à chien se réjouissent de la destruction de l’habitat naturel, de la disparition de la paysannerie et de l’agro-pastoralisme français. Pourtant, le productivisme délirant et mortifère (pour n’évoquer que cela), prôné par la très soumise FNSEA, prouve sans cesse son extrême nocivité et sa capacité à provoquer des scandales sanitaires en pagaille, parfois bouleverser les écosystèmes, polluer les sols et saccager notre patrimoine paysager. Un bilan extrêmement brillant !

Et ceux qui avancent l’argument « bassin d’emplois » feraient mieux de penser « protectionnisme national », « localisme », aménagement du territoire et désenclavement des territoires hyper-ruraux, s’ils veulent des solutions pérennes et durables. Aux autres qui dénoncent les blocages des zadistes au prétexte que ces projets ont été votés et acceptés par les élus (locaux notamment), il faut signaler que des rapports accablants pour ces fumeux projets ont été longtemps passés sous silence pour ne pas déranger barons locaux et autres marquis du BTP, tous figures emblématiques d’un entre-soi qui favorise toutes les « ententes » et toutes les dérives. Si tous ces messieurs veulent s’asseoir sur une vraie légitimité, il existe une solution : promouvoir le référendum local. Le reste n’est que littérature.

En conclusion, lorsque la maison brûle, on ne demande pas au pompier venu vous secourir à quelle confession religieuse il appartient. Donc merci aux écolo-anarchistes et autres punks à chien sous influence de substances diverses !

Maurice Gendre

Commentaires récents

  1. Runciter

    Loués soit votre lucidité et votre pragmatisme Monsieur Gendre. On a lu tant de bétises sur ce thème que ça fait réellement du bien.

    1. ajikfan

      Exactement, vas t’on trouver cet article sur ER ?

    2. Runciter

      Je ne sais pas. Mais en tout cas il y aurait sa place.

  2. ajikfan

    La phrase qui dit : »Il faut de tous pour faire un monde » y trouve son sens.

  3. Biturix

    Fort juste, comme très souvent !
    Voyons le bon côté des choses : les pinailleries olfactives des thuriféraires drouâtards du bon goût capillaire et de l’élégance superficielle des luttes nous aident à identifier clairement qui, sur le champ de bataille, se révèle être un bourgeois à la moraline de midinette, autrement dit un traître.
    Les temps apocalyptiques sont des temps où la vérité se révèle. Les précieuses ridicules du virilisme falsifié ôtent leurs masques.

  4. Jean

    L’inventaire de Maurice Gendre est juste… mais le domaine d’action est discutable.

    Je me suis posé la question de savoir s’il existait véritablement un mouvement anti grande distribution ? Je n’en ai pas trouvé.
    Pourtant, niveau écologie ou même lutte anti-capitalisme, sans oublier les dessous de table… il y a de quoi ! Quand on voit que l’on accumule parfois Decathlon, Carrefour ou Auchan, Castorama, Boulanger, la Halle aux chaussures, Mc Donald, Quick, Midas et j’en passe dans un même centre ???

    Alors, pourquoi pas de barrage un samedi à l’entrée de ces grands centres commerciaux pour que le français en soit conscient ?
    Je crois que la gauche souffre d’un véritable problème du discours de la lutte ouvrière.
    Que dire à ces employés d’un Intermarché de Lille à qui on a proposé en Juin un reclassement… en Pologne ? http://www.lavoixdunord.fr/region/fermeture-de-l-intermarche-de-lille-sud-des-ia19b0n2199084

    Et puis la lutte contre les hypers, ça ferait un peu poujadiste, non ???

  5. Jean

    Combien de mobilisations de forces de l’ordre contre Etienne Chouard ? Contre Frank Lepage ? Contre Olivier Berruyer ? Contre François Asselineau ?
    Aucune !

    Dans l’exemple du barrage de Sivens, les « punks à chiens », n’ont rien empêchés de la destruction de cette zone humide où une centaine d’espèces sont maintenant éliminées en même temps que le déboisement.
    De plus à jouer aux clowns, difficile pour le restes des citoyens d’adhérer à leur démarche.

    On ne va nul par avec des pauvres d’esprit qui ne savent que dire : « C’est la faute à la so-cié-té », (puis après une bière) « C’est la faute à la so-cié-té », (puis après un joint) « C’est la faute à la so-cié-té »,…

    1. Nikov

       » Combien de mobilisations de forces de l’ordre contre Etienne Chouard ? Contre Frank Lepage ? Contre Olivier Berruyer ? Contre François Asselineau ?
      Aucune !  »
      Commentaire peu avisé, sans souloir vous offenser. En effet, la force peut s’exercer sous toutes sortes de formes, Et si le  » système  » veut se payer une des personnalités que vous nommez ci-dessus, il use de moyens médiatiques puisqu’il s’agit de personnalités médiatiques. Tout simplement. Et d’ailleurs, parmi les gens que vous citez, certains ont déjà fait l’objet de vives critiques voire de véritables cabales (Chouard récemment, et encore maintenant). Il ne faut pas juger les choses à la seule aune de ce qui se passe dans la rue. Le militantisme ne s’exerce pas que là, loin s’en faut. Pour le reste de votre intervention, c’est assez méprisant et lapidaire de ne parler que de  » punks à chiens  » et de  » pauvres d’esprit « . Il faut à mon avis faire attention à ne pas verser dans l’idiotie utile qui consiste à caricaturer. Et l’habit ne fait pas le moine.

    2. Walden

      C’est effectivement assez méprisant et caricatural, à l’instar du texte de Gendre.
      D’autant plus que ce qu’on appelle punks à chiens se trouvent être des sdf faisant la manche toute la journée et dont la conscience politique se résume à dire merde au « système » tout en lui réclamant de l’argent. Si on les retrouve effectivement dans ces mouvements, c’est je pense, plus par opportunisme que militantisme.
      De là, les assimiler aux écolos et résumer ces derniers à cela est quelque peu outrancier.
      Enfin, pour verser moi aussi dans la caricature : porter un sarouel et avoir des dreadlocks n’est pas incompatible avec le fait d’avoir des convictions politiques réfléchies.

    3. Nikov

      Désolé walden mais votre réaction est parfaitement contradictoire, disant une chose et faisant le contraire. Ainsi de votre conclusion qui consiste à dire une chose sensée tout en disant que vous versez vous aussi dans la caricature, alors que c’est le seul moment de votre réaction où précisément vous n’étes pas caricatural. Pas facile de suivre :-)

    4. Walden

      Je prenais le stéréotype écolo pour le généraliser mais ils ne ressemblent pas tous à ça.
      Et pour les punks à chien, si ce que je dis parait caricatural ce n’est néanmoins pas sans fondements (ce qui ne veut pas dire que je les résume à ça, mais le sujet porte sur la dimension politique). Après nous n’en avons peut-être pas la même définition.

    5. Nikov

      Je me réjouis que vous ne les résumiez plus à ça après avoir dit au contraire que leur  » conscience politique se résume à dire merde au « système » tout en lui réclamant de l’argent.  » Preuve que non d’ailleurs au vu de ce dont il est question ici. Une caricature reste une caricature même s’il existe des profils comme celui que vous décrivez. Je pense que vous en conviendrez. Bonne journée à vous.

  6. Biturix

    Amusant de constater que dans certains milieux prétendus chrétiens, on se montre bien plus intransigeant à l’égard des mendiants qu’à l’égard des bourgeois; et que dans d’autres milieux prétendus païens, on vénère plus le mercenaire cédéïsé de la soumission policière que le guerrier bénévole enraciné.
    Je persiste : les tartuffes du confort bourgeois se révèlent par leurs pinailleries de salons de coiffure. Pendant ce temps, il y a de soi-disant u-topistes qui tiennent le topos, de soi-disant « déracinés » qui luttent les deux pieds dans la terre (fut-elle boueuse), de soi-disant « anarchistes » qui bâtissent des arches avec trois pauvres clous et deux planches de récup’. Pendant ce temps, les patriotes autoproclamés attendent qu’une avocate restaure la Tradition par les urnes républicaines; les surhommes de la bravoure revendiquée enculent les mouches sur les fora étoilés ; et les néo-païens du virilisme ostentatoire pleurnichent dans la solitude des métropoles de l’hypermodernité. On vit une époque formidable.

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