Samedi 18 octobre 2014, le comité Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS) Sud a décidé de mener une série d’actions dans huit villes de France (Toulouse, Perpignan, Béziers, Montpellier, Nîmes, Avignon, Montélimar et Marseille), dans les magasins Carrefour, contre les entreprises israéliennes MEHADRIN et SODASTREAM et d’autres produits israéliens présents.
Avertie par des membres des comités BDS Marseille et BDS Toulouse, l’Agence Info Libre a décidé d’effectuer un reportage en immersion avec ces militants pendant leurs actions. Le reportage à Marseille a malheureusement tourné court, la sécurité du magasin de Carrefour et la police ayant très vite repéré et ayant empêché notre correspondant local de filmer l’évènement (confiscation de l’ensemble des caméras des militants).
Nous vous relatons ainsi l’expérience malheureuse toulousaine.
Deux membres de l’Agence Info Libre à Toulouse ont retrouvé les militants BDS Toulouse au lieu de rassemblement prévu par les organisateurs.
Ayant été informé de l’action par un des militants et non par les responsables du comité BDS, nous nous sommes présentés et avons sollicité l’autorisation de filmer auprès des participants. Plusieurs des militants ne connaissant pas l’Agence Info Libre, nous avons indiqué que nous ne publierions qu’après validation du reportage par les responsables du comité BDS Toulouse. Aidés par quelques sympathisants de notre média plaidant en notre faveur, nous avons très vite eu l’accord pour suivre le comité BDS Toulouse dans leur action.
Une action bon enfant, une clientèle compréhensive, de belles images, des discours percutants malheureusement interrompus par la police, arrivée sur les lieux à la demande de la direction du magasin. Après avoir été bloqués dans un rayon pendant une dizaine de minutes, nous avons fini par être reconduits cordialement en dehors du magasin. L’occasion pour le comité BDS Toulouse de dresser un bilan de l’action notamment face à la caméra de l’Agence Info Libre. Une belle vidéo s’annonçait en perspective.
Après quelques heures de dérushage, puis de montage, puis d’exportation, notre reportage était enfin en ligne et n’attendait plus que l’aval des responsables de BDS Toulouse.
Malheureusement, un mail reçu hier nous informait de la décision prise par le BDS Toulouse de ne pas valider la publication de notre reportage, accompagné d’une demande de rencontre le lendemain (ndlr : hier, le 21/10/2014) pour nous expliquer les raisons du refus.
Ni la teneur du reportage, ni l’éventuel floutage absent ne motivèrent ce refus. L’odeur de notre média étaient vraisemblablement en cause selon les deux responsables de BDS Toulouse que j’ai eu le plaisir de retrouver.
Après vérification par ces derniers (de quoi d’ailleurs ? des 60% de contenu sur notre site qu’un esprit étriqué pourrait qualifier « à gauche » ?), l’Agence Info Libre roulerait pour l’extrême droite. Entre autre argument : l’outrecuidance de filmer des responsables du FN. Une réduction ad marinelepenum de l’ensemble de notre chaîne.
Autre vérification des responsables de BDS Toulouse, l’Agence Info Libre roulerait, ou serait instrumentalisée, par la mouvance de Dieudonné et d’Alain Soral. Quelle idée avons-nous eu de faire un reportage sur le Bal des Quenelles 2014, ou de relayer les démêlés judiciaires d’Alain Soral. Pour ces responsables, ceci n’est pas de l’actualité, ou du moins de l’actualité qui ne mérite pas d’être relayée. Car il s’agit d’une actualité qui sent fortement l’antisémitisme.
Que ces responsables, et les autres, n’attendent aucun démenti de notre part, ni aucune justification ! Nous continuerons notre action et notre combat pour l’information libre, expliqué dans notre charte que nous respecterons quoi qu’il en coûte. Quelles que soient les accusations formulées à notre égard, nous continuerons de donner la parole aux conspué(e)s et à celles et ceux qui voudront bien nous exposer leurs analyses et commentaires, chose de plus en plus difficile dans le pays des droits de l’homme et notamment auprès de personnes se revendiquant ouvertement « de gauche », voir « d’extrême gauche », mais faisant en réalité preuve d’un sectarisme indécrottable pour tout ce qui bouscule un tant soit peu leurs logiciels de pensée.
Notre reportage ne sera pas publié. Nous dénonçons fermement les explications fournies par les deux responsables du comité BDS Toulouse et leur accordons, s’ils le souhaitent, un droit de réponse sur notre site internet. Il est curieux de voir repris par des militants chevronnés, les arguments de médias mainstreams et autres groupes d’extrême gauche enchaînant les articles diffamatoires.
Nous nous interrogeons sur les motivations profondes de ces personnes. Est-ce la cause palestinienne qui les intéresse profondément ou bien une sympathie politique à recueillir auprès des musulmans ? Est-ce le combat de la cause palestinienne qui motive leur engagement ou bien la sympathie à une idéologie quelconque ?
Nous pensions que le combat du groupe BDS Toulouse pour les palestiniens était sincère, mais constatons avec regret que l’image véhiculée par le groupe BDS Toulouse est plus importante que la lutte revendiquée. Nous aurions pu offrir en effet une tribune importante pour ce groupe, à croire que les milliers de visiteurs journaliers de notre site d’information sont des antisémites patentés tout juste bon à figurer au ban de l’humanité.
Malheureusement, chers responsables de BDS Toulouse, les palestiniens n’ont que faire de vos peurs, de vos interrogations ou de votre image.
PS : je reflète ici l’expérience vécue au sein du BDS Toulouse. Je ne présume en rien des intentions des autres comités. Ni des militants BDS dans leur ensemble. Notre reportage, bien que privé sur notre chaîne Youtube, pourra toujours être publié si une décision en ce sens nous parvient du comité BDS France. Un tel communiqué n’aurait pas été publié si les responsables avaient tout simplement ne pas voulu donner suite à notre vidéo. Mais l’interrogatoire ubuesque auquel j’ai été soumis, à coup de questions déconnectées de la cause palestinienne, relevant davantage du procès d’intention, a motivé ces quelques lignes pour expliquer le logiciel de certains dirigeants au sein de ce comité. Qu’en pensent les militants de BDS ?
Aller plus loin : Le Dieudonné-bashing, révélateur de la lutte pro-palestinienne « autorisée »