Traduit du Wall Street Journal.
Par Isabelle Steger, 25 septembre 2014.
Un média pro-Pékin accuse le jeune leader de la révolte hong kongaise d’entretenir des liens avec les Etats-Unis.
La figure du mouvement démocrate étudiant hong kongais a fait l’objet de virulentes attaques sur un journal pro-Pékin à propos de son passé avant la révolte pour l’avenir de l’ancienne colonie britannique.
Jeudi, Wen Wei Po a publié un « exposé » dans lequel il décrit les connexions de Joshua Wong, 17 ans, jeune leader du groupuscule Scholarism.
L’article affirme que les forces US ont identifié M. Wong il y a trois ans, et ont travaillé avec lui pour le développer comme « star politique ».
Les preuves avancées par l’article, sur les liens de M. Wong avec les Etats-Unis, incluent ce que le rapport décrit comme rendez-vous fréquents avec le personnel du consulat américain à Hong Kong, et des donations discrètes d’américains vers M. Wong. Le journal met en avant des photographies qui auraient été révélées par des « cybercitoyens ». L’article raconte également que la famille de M. Wong s’est rendue à Macau en 2011 sur invitation de la Chambre de Commerce Américaine, et a logé à l’hôtel Venetian Macao, qui a été acheté par la Las Vegas Sands Corp.
Quand on le questionna sur les allégations de Wen Wei Po sur ses liens avec les Etats-Unis, M. Wong balaya cette idée. « Bien sur que c’est faux » déclara M. Wong au China Real Time. Dans un commentaire posté sur internet, M. Wong rejeta tous les détails mis en avant dans l’histoire de Wen Wei Po. La Chambre de Commerce Américaine déclara qu’aucun porte parole n’était disponible pour un commentaire. Le Consul américain à Hong Kong refusa également tout commentaire.
M. Wong est devenu célèbre localement après que son groupuscule Scholarism, crée par des étudiants du secondaire, ait protesté contre un plan du gouvernement hong-kongais de créer des cours « d’éducation patriotique » dans les classes de Hong Kong. Ce projet a plus tard était enterré. Désormais, le groupuscule est à la pointe de la contestation contre la décision chinoise du mois dernier, déclarant que le gouverneur de Hong Kong serait déterminé par l’autorité centrale.
Ce n’est pas la première fois qu’un média pro-Pékin a accusé des puissances étrangères d’ingérence discrète dans l’ancienne colonie britannique. Le gouvernement chinois se soucie depuis longtemps que des agences d’espionnage occidentales puissent se servir de l’environnement politique ouvert de la ville pour imposer la démocratie dans le reste du pays. Les diverses « révolutions de couleur » qui ont surgies dans les pays de l’ancienne Union soviétique dans les années 2000, et qui furent en partie organisées via des fonds d’ONG étrangères, alimentent ces inquiétudes.
Les allégations d’interventions étrangères à Hong Kong sont devenues particulièrement intenses à l’approche de 2017, avant que Pékin déclare que les habitants de Hong Kong pouvaient commencer à élire directement leurs leaders. Wen Wei Po, ainsi q’un autre média pro-Pékin suivant l’actualité de Hong Kong (Ta Kung Pao), par exemple, ont accusé la Grande-Bretagne de placer des espions britanniques dans les institutions de Hong Kong. Des publications pro-Pékin ont également accusé le magnat Jimmy Lai, fidèle critique de Pékin, d’avoir des connexions avec la CIA. M. Lai est le fondateur de Next Media Ltd., qui a acheté le Apple Daily Newspaper à Taiwan et Hong Kong, et figure parmi les donateurs majeurs d’activistes pro-démocratie à Hong Kong.
Dans son rapport sur M. Wang, Wen Wei Po déclara que la CIA engage un effort ciblé pour infiltrer les écoles de Hong Kong, par exemple via le Centre Hong Kong-Etats-Unis, un groupe dirigé par l’ancien diplomate américain Morton Holbrook qui promeut les liens entre les Etats-Unis et Hong Kong. Il prétend également que la CIA est en train de former une nouvelle génération de leaders d’opposition à Hong Kong en sponsorisant les jeunes pour des études aux Etats-Unis, dans l’objectif d’inciter une « révolution de couleur » à Hong Kong.
Le Centre Hong Kong – Etats-Unis n’a pas voulu répondre aux questions pour le moment.
Des groupes étudiant à Hong Kong y compris Scholarism, le groupuscule de M. Wong, mènent une série d’actions de boycott cette semaine (ndlr : la semaine dernière), afin de demander à Pékin l’instauration d’une « véritable » démocratie à Hong Kong.