Enfin… Le scénario que tout le monde prédisait a bien eu lieu en Algérie avec la mise en retraite du Général « Toufik » qui était jusqu’à hier, le haut patron du DRS. » Le Dieu de l’Algérie » ou le « fabricant des Présidents » n’est désormais qu’un souvenir. La nouvelle peut sembler plus légère que ce qu’elle en est vraiment si on ignore le poids de cet homme et de son institution sécuritaire ainsi que le rôle qu’ils jouent au sein du système algérien depuis l’indépendance du pays. La nouvelle a déchainé les réseaux sociaux et a fait la Une de nombreux journaux et télévisions locales et internationales. Chacun à sa manière, mais tous s’accordent sur le fait que c’est un scénario que nul ne pouvait imaginer il y a plus d’un an. Al Jazeera parle de « la fin d’une légende » qui a marqué l’histoire de ce jeune pays, Le monde qualifie le général Toufik d' »homme fantôme » en faisant allusion à son invisibilité pendant tout le temps où il était à la tête du DRS. Tout le monde s’attèle à donner sa version des faits quant aux motifs de ce limogeage mystérieux, mais toujours aucune explication de la part des porte–paroles de la présidence qui ne diront rien, fidèles à leur vieille tradition.
Le DRS, pour ceux qui ne le connaîtrait pas encore, est le puissant Département de Renseignement et de Sécurité algérien fondé au lendemain de l’indépendance de l’Algérie en 1962 et calqué sur le schéma de fonctionnement des services de renseignement du Bloc Est. Ce même service a dirigé le pays durant les 53 ans de son existence, en choisissant les Présidents de la République et en prenant toutes les grandes décisions politiques et internationales. Il est aussi connu pour avoir été pendant longtemps le principal interlocuteur algérien avec les puissances occidentales. Ce fameux service de renseignement, qui a été présidé pendant 25 ans par le Général Toufik, a été au centre d’un conflit ces dernières années qui opposait ce dernier au clan Bouteflika. La première étincelle de ce conflit remonte à la maladie du Président en avril 2013, lorsque le service com du département a affiché publiquement ses inquiétudes quant à l’état de santé préoccupant du Président et ayant émis des réserves concernant son annonce de candidature pour un quatrième mandat présidentiel malgré son affaiblissement physique.
Bouteflika a été réélu Président pour un quatrième mandat en avril 2014, et c’est à partir de cette élection qu’il va régler ses comptes avec le DRS et son chef. Tout commence par une série de mesures visant à limiter le champ d’action du DRS, en le soumettant à la tutelle du Général Ahmed Gaïd Salah, chef de l’état major algérien, et en lui arrachant le droit d’enquêter sur les affaires de grande corruption au sein du pouvoir. Ces décisions créent le malaise et confirment la bipolarisation qui s’opère au sein du système algérien, révélant au grand jour la guerre des clans qui avait déjà eu lieu dans les coulisses du pouvoir.
La situation prend une nouvelle tournure après les multiples appels au coup d’Etat lancés par certains membres de l’opposition qui désormais ont des intérêts communs avec le DRS. Après ces nombreux appels au coup d’Etat, le Président et ses proches verrouillent à tous les étages pour consolider leur assises et s’attribuer les pleins pouvoirs afin de contrer les menaces qui leur viennent du DRS et de l’opposition. Ceci en limogeant plusieurs généraux faisant partie du Département de Toufik et d’autres qui lui sont fidèles au sein de la « Garde Républicaine » et de l’ANP, notamment Rachid Laalali dit Attafi, et le colonel Mahna Djebbar, responsable de la sécurité militaire. Le général Abdelhamid Bendaoud, limogé lui aussi du service du contre-espionnage, ainsi que le général Medjdoub responsable de la sécurité présidentielle qu’on a confié à l’état major et sous la supervision directe de son chef Ahmed Gaïd Salah. Enfin, l‘arrestation il y a deux semaines du général Hassan de la direction de la lutte anti-terroriste, mettant fin a une vague de mise à la retraite et d’arrestations visant à isoler et affaiblir l’entourage de Toufik pour enfin pouvoir le neutraliser et le mettre hors d’état de nuire.
Bouteflika a déjà sous-entendu dans une de ses sorties médiatiques en 1999 qu’il ne voulait pas être les trois quarts d’un Président. On peut dire que Bouteflika vient de mettre un gros coup à Toufik, mais les spécialistes disent qu’on est encore loin du KO. En attendant d’autres épisodes du feuilleton qui commence à passionner tout le monde sans différence, place à la spéculation dans les journaux, les cafés et les bureaux de poste…
Fatih Nour Naceur
tu ma rien appris
Je pense que c’est bel et bien fini pour TOUFIK qui a probablement « négocié » son départ dans l’intérêt du pays. Il ne faut pas oublier que l’Algérie reste une cible privilégiée pour « certains pays » OCCIDENTAUX et pour un tas de raisons.
Bouteflika aurait donC réussi son pari de mettre les « anciens » généraux à la retraite. Mais à quel prix (humain) ? L’avenir le dira.
http://mtouhami.fr
Hhhh l’article pas mal quand même il résume bien le fonctionnement de la gouvernance algérienne.
j’aimerais en apprendre un peu plus sur cette affaire dans les infos dont on parle peu, l’algérie ayant des rapports historiques avec la France.