Judith Bernard, membre du Mouvement pour la 6e République, et adepte du tirage au sort, vient de publier un article sur le site Arrêt sur Image afin de se distancier d’Étienne Chouard, qui a refusé de céder aux pressions concernant le lien renvoyant vers le site Égalité et Réconciliation présent sur son site. Si Étienne Chouard avait d’abord accepté de retirer le lien, celui-ci s’est ensuite ravisé, rattrapé par les principes (dont la défense de la liberté d’expression totale) qui l’animent. Cela a été une « révélation » pour Judith Bernard, pour qui ces valeurs ne représentent qu’un « confusionnisme idéologique« , elle décrète donc qu’elle refuse « quelque proximité idéologique que ce soit avec Étienne Chouard », se ralliant ainsi à la dernière offensive médiatique contre Étienne Chouard lancée par les Inrocks.
Voici un extrait de la publication de Judith Bernard, à retrouver sur sa page Facebook :
C’est la raison pour laquelle je conteste catégoriquement qu’on me prête quelque « proximité idéologique » que ce soit avec Étienne Chouard. Je fais d’ailleurs observer que je ne l’ai mentionné dans aucun des textes par lesquels je me suis exprimée dans le cadre de mon engagement politique. C’est parce qu’on m’a sommée de me situer par rapport à lui que j’ai été amenée à préciser quelle « zone de contact » je pouvais avoir avec sa position (la promotion du tirage au sort), et j’ai à chaque fois pris soin de me démarquer de ce que j’appelais alors – trop indulgente moi-même – sa «coupable indulgence» vis-à-vis de Soral, qui apparaît désormais comme une complicité avérée avec des thèses délirantes.
Je milite pour un processus constituant citoyen, pour une Constitution qui soit écrite par le peuple, pour le peuple, et un tel projet n’a pas besoin d’Étienne Chouard pour se construire – il a même besoin, désormais, d’être très clairement distingué de ses douteuses positions, car c’est salir la cause du processus constituant citoyen que de laisser croire qu’il aurait besoin des élucubrations de Soral pour prospérer.
Au moment où j’écris ces lignes, Étienne Chouard parle de se mettre en retrait, de ne plus occuper pour l’heure de position publique, de fermer blog, page, et site; et c’est une très bonne chose. Sa position politique s’est disloquée à ce point d’achoppement des demandes de clarification. C’est donc que cette position n’était soit pas assez réfléchie, soit pas complètement avouable. Cette retraite s’offrira comme l’heure d’un inventaire scrupuleux, de la réflexion solitaire, enfin, et pourquoi pas de l’écriture d’un livre dont beaucoup attendent qu’il revienne enfin au cœur du seul combat qui mérite d’être mené: le processus constituant instituant la souveraineté populaire – et faisant le plus vigoureux barrage aux tentatives de capture fasciste de cette souveraineté.
En effet, nous ne pouvons que constater que Judith Bernard ne partage pas l’idéologie d’Étienne Chouard. On sait que celui-ci est un grand admirateur de Robespierre, personnage en son temps (et toujours aujourd’hui) largement calomnié et attaqué par ceux qu’il appelait des « plumes mercenaires ». A-t-il plié pour autant ? Etienne Chouard partage plusieurs des grandes qualités de l’Incorruptible, dont la probité, et une détermination sans faille pour défendre ce qu’il estime juste. Ainsi, à l’heure où le courage politique est une vertu qui n’habite plus guère les âmes dans ce pays, nous vous proposons la lecture de ce texte, extrait d’un discours de Robespierre daté du 27 avril 1792, en guise de rappel rafraîchissant :
Le ciel qui me donna une âme passionnée pour la Liberté et qui me fît naître sous la domination des tyrans, le ciel qui prolongea mon existence jusqu’au règne des factions et des crimes, m’appelle peut-être à tracer de mon sang la route qui doit conduire mon pays au bonheur et à la Liberté ; j’accepte avec transport cette douce et glorieuse destinée. Exigez-vous de moi un autre sacrifice ?
Oui, il en est un que vous pouvez demander encore : je l’offre à ma Patrie : c’est celui de ma réputation. Je vous la livre, réunissez-vous tous pour la déchirer, joignez-vous à la foule innombrable de tous les ennemis de la Liberté, unissez, multipliez vos libelles périodiques. Je ne voulais de réputation que pour le bien de mon pays ; si pour la conserver il faut trahir, par un coupable silence, la cause de la vérité et du peuple, je vous l’abandonne ; je l’abandonne à tous les esprits faibles et versatiles que l’imposture peut égarer, à tous les méchants qui la répandent.
J’aurai l’orgueil encore de préférer, à leurs frivoles applaudissements, le suffrage de ma conscience et l’estime de tous les hommes vertueux et éclairés ; appuyé sur elle et sur la vérité, j’attendrai le secours tardif du temps qui doit venger l’humanité trahie et les peuples opprimés.
Retrouvez également notre entretien avec Étienne Chouard du 4 novembre 2014.