Euractiv a récemment rapporté que des entreprises qui exploitent le gaz de schiste pourraient recevoir des subventions européennes dans le cadre du programme Horizon, qui prévoit de consacrer 80 milliards d’euros à des technologies innovantes en Europe entre 2014 et 2020.
Ce fonds de recherche a été mis en place pour aider le développement d’énergies à faible émission de carbone. Or, les recherches d’innovations pour évaluer les risques liés à l’exploitation du gaz de schiste, ainsi que les modélisations de cette exploitation, pourraient se conformer à l’objet de ce fonds.
L’UE aurait déjà attribué 33 millions d’euros de fonds à des entreprises gazières européennes sur 2014.
Antoine Simon, le porte-parole des Amis de la Terre, critique cette allocation, notant qu’elle est contradictoire avec la volonté affichée de l’UE de lutter contre le réchauffement climatique :
"C'est particulièrement cynique puisque [l’UE] distribue de l'argent public à une industrie qui est entre les mains de quelques-unes des plus riches sociétés au monde, alors qu'il y a des priorités bien plus importantes en matière d'efficience énergétique et d'énergie renouvelable ».
Selon un eurocrate, l’exploitation du gaz de schiste rejette peu de gaz carbonique, et de ce fait, « elle pourrait contribuer à la transition énergétique vers une économie à faible émission en carbone ». En 2013, David MacKay, l’expert scientifique du gouvernement britannique, a indiqué dans un rapport que ces émissions étaient comparables à celles du gaz naturel liquéfié que le pays importe du Qatar. Cela implique que l’exploitation du gaz de schiste aurait peu d’impact en termes de rejets de dioxyde de carbone, tout en permettant de réduire la dépendance aux importations de gaz hors d’Europe.
Cependant, selon le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le gaz carbonique émis par l'exploitation du gaz de schiste est plus persistant que celui émis par des sources d’énergie plus durables, le solaire et l’éolien. Pour cette organisation, il permettrait d’assurer une bonne transition vers l’utilisation exclusive de ces sources d’énergie propres. Selon le porte-parole de Shale Gas Europe, Marcus Pepperell, l’exploitation du gaz de schiste apporterait une réponse au problème de la sécurité énergétique :
"L'Europe est confrontée en particulier à une question de sécurité énergétique et cependant nous n’avons aucune action sur le continent en vue d'assurer une exploitation commerciale du gaz de schiste ».
Cependant, l’exploitation des gaz non conventionnels pose le problème des rejets de méthane dans l’atmosphère. En effet, la fracturation hydraulique fait remonter de grandes quantités de méthane mêlées aux produits chimiques utilisés lors du processus d’extraction. Ce méthane peut être incinéré, ou récupéré pour être revendu. Mais il peut aussi s’échapper dans l’atmosphère. Or, sur une période de 20 ans, il est 72 fois plus puissant que le dioxyde de carbone pour générer un effet de serre, et sur un siècle, il est encore 20 fois plus puissant que le CO2.
Une étude de 2011 menée par le professeur Robert Howarth de l’université de Cornell a montré que l’exploitation du gaz de schiste pourrait avoir un impact entre 20% et 100% supérieur à celle du charbon sur le climat. Pour ces raisons, la question des rejets de méthane devrait être une question cruciale pour le débat concernant le développement de cette alternative énergétique en Europe.
Source : Express.be - http://www.express.be/business/fr/economy/lue-subventionne-deja-lexploitation-du-gaz-de-schiste/206258.htm