Le Figaro
Ils étaient une vingtaine d’anciens «collaborateurs contractuels» à manifester jeudi devant l’Ambassade de France à Kaboul. Depuis le retrait des troupes françaises, certains seraient victimes de discriminations ou de menaces. Ils réprouvent la décision de Paris de ne plus leurs délivrer de visas.
Traîtres pour les uns, «collaborateurs contractuels» pour les autres. Quel avenir pour les interprètes afghans de l’Armée française? Depuis le retrait des forces tricolores d’Afghanistan en 2013 après onze années de mobilisation, plusieurs ex-traducteurs tentent de sensibiliser Paris sur leur sort. Une vingtaine d’entre eux ont manifesté jeudi à Kaboul devant l’Ambassade de France. Objectifs: obtenir des visas et la «protection» des autorités françaises en raison du climat hostile à leur égard. «On reçoit toujours des menaces. On ne peut pas sortir de la maison, ni même aller acheter quelque chose au bazar», déplore Abdul Raziq. «Nous voulons que l’État français nous protège» car la situation pour les interprètes «s’aggrave de jour en jour», ajoute ce dernier.
Alors qu’ils tentaient d’accéder aux portes de la représentation diplomatique, les manifestants ont été bloqués jeudi par des policiers afghans. Seuls trois d’entre eux ont pu s’entretenir avec un attaché militaire qui, laconiquement, leur a signifié que le dossier était géré depuis Paris. Près de 800 interprètes ont travaillé pour le commandement français entre 2002 et 2013. Parmi eux, 200 représenteraient un véritable casse-tête administratif en raison des clauses discutées au préalable, comme l’obtention facilitée de visas. Car pour ce type de mission, qualifiée de «traîtrise» par les Talibans, se posait ensuite la question de l’exil. Les plaignants dénoncent une politique des visas au compte-goutte. Ils sont soutenus d’ailleurs par le député socialiste de la Loire, Jean-Louis Gagnaire, qui évoque seulement 73 obtentions sur 200.
Aujourd’hui, le principal grief porte sur la fin du processus d’éligibilité à l’émigration, décidé récemment par les pouvoirs publics. Ces anciens employés s’estiment lésés au regard des services rendus.