Il est temps pour la FIFA de montrer à Israël le carton rouge Infos internationales

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Israël va crier à l’injustice mais sa suspension du football international pourrait vraiment changer la donne.

Par Gideon Levy | 17 mai 2015

La vérité doit être dite d’entrée de jeu: j’espère qu’Israël sera suspendu par la FIFA. Le 29 mai prochain, un mouvement pourrait être fait et changer la donne. Il pourrait démarrer une réaction en chaîne dont la fin est difficile à prédire. Si l’instance dirigeante du football montre à Israël le carton rouge, que les Palestiniens exigent, cela pourrait signifier que le football devient la source de transformation.

Cela voudrait dire que le moment est enfin venu pour Israël de payer pour ses crimes d’occupation. Que les Israéliens commencent à être pénalisés pour ce qui est fait en leur nom, avec leur participation, leur consentement et leur financement. Que le fait qu’Israël a continué à rompre le droit international – avec arrogance et pied de nez – a un prix. Et quoi de mieux que d’interdire l’état d’Israël de matchs internationaux de football jusqu’à ce qu’il change son comportement? Cela a marché incroyablement bien dans le passé avec le mentor d’Israël dans un certain nombre de domaines, l’Afrique du Sud – le boycott international des sports de l’apartheid fut l’un des éléments décisifs qui ont conduit à la chute du régime – et cela pourrait marcher avec Israël.

La première réaction à toute décision de suspendre Israël verra, bien entendu, Israël criant à l’injustice, jouant la victime et unifiant les rangs pour lancer une contre-attaque: regardez ce qu’ils nous font, ces antisémites, ces ennemis d’Israël; nous sommes une nation isolée, le monde entier est contre nous! Bien sûr, il sera fait usage de la mémoire de l’Holocauste. Les politiciens et les magouilleurs vont essayer de se surpasser les uns les autres avec des déclarations outragées. Le président de Zionist Union, MK Isaac Herzog va annoncer que, dans ces circonstances, il n’y a ni opposition ni coalition, seulement un peuple. Israël va déclarer illégal le football palestinien par la force d’une directive d’un général des Forces de Défense Israéliennes: chaque garçon avec un ballon de football sera arrêté; peut-être qu’un stade de Gaza sera bombardé au motif qu’il est un entrepôt d’armes; Le bureau du chef du football palestinien Jibril Rajoub à Ramallah sera écrabouillé (ce ne sera pas la première fois).

La République tchèque et le Canada proposeront que l’on joue des matchs amicaux contre Israël; Shimon Peres organisera un match entre la Micronésie et les Palestiniens.

Mais quelques mois plus tard, séché et découragé, sans football international ou un horizon diplomatique international, des questions et des doutes surgiront. Que peut faire Israël pour revenir de l’île du Diable? Pourquoi ont-ils vraiment fait tout ça? Et, surtout, était-ce utile? Cela vaut-il la peine de continuer l’occupation et d’en payer le prix, qui ne fera que continuer à croître? Est-ce que les colonies de Yitzhar et Itamar méritent d’être ostracisées plus encore?

Les sanctions et les interdictions ne vont pas s’arrêter à Zurich: la FIFA donne le coup de sifflet d’ouverture, que certains dans le monde attendent justement.

Puis, lorsque le prix deviendra intolérable, de plus en plus d’Israéliens se réveilleront de leur indifférence. Il n’y a aucune chance pour qu’ils le fassent par avance: ils n’ont aucune raison – la vie est bonne, la société est dans le déni et les cerveaux sont lavés.

Une interdiction de football ne tue personne. Un boycott ne fait pas couler de sang. C’est une arme légitime pour établir la justice et faire appliquer le droit international. Israël appuie et soutient les boycotts, et les encourage: contre le Hamas, contre Gaza, et, bien sûr, contre l’Iran. Il a même rejoint le boycott contre l’Afrique du Sud, bien malgré lui. Maintenant son tour est venu.

Peut-on nier qu’il leur a été distribué d’innombrables cartons jaunes mais a continué comme si de rien était? Ne devraient-ils pas se voir donné un carton rouge pour l’emprisonnement de millions d’habitants de Gaza, y compris les joueurs de football de Gaza?

Est-ce que le Président de la FIFA, Sepp Blatter, se rappele de ce joueur a qui il prédisait un brillant avenir – Mohammed al-Qatari, du camp d’Al-Amari, étudiant à l’Académie de Football Blatter à Ramallah? Sait-il que al-Qatari a été tué par une balle de l’IDF tirée directement dans la poitrine à 70 mètres, tandis qu’il protestait contre la dernière guerre à Gaza? N’était-ce pas un crime?

Israël arbore aujourd’hui son visage diplomatique insulté et choqué tout en essayant sans relâche d’éviter l’édit du mal. Il pourrait même réussir cette fois encore. Mais l’heure n’est-elle venue de tous nous demander: combien de temps encore?

source: haaretz

Traduction : Rochelle Cohen

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