Article traduit du New York Times.
Par David D. Kirkpatrick
Les États-Unis ont mené, sur le dernier mois, une série croissante de frappes aériennes meurtrières contre les extrémistes de l'État islamique. Mais cela ne semble pas avoir eu pour effet de réduire les théories du complot qui circulent encore des rues de Bagdad aux plus hautes sphères de l'état irakien, théorie selon laquelle la CIA serait secrètement derrière les mêmes extrémistes que ceux qu'ils attaquent aujourd'hui.
"Nous savons qui est le créateur de Daesh (un raccourci arabe pour l'Etat islamique)" a dit Bahaa al-Araji, vice premier ministre, samedi lors d'une manifestation organisée par le chef chiite religieux Moqtada al-Sadr contre le déploiement éventuel de troupes américaines au sol.
M. Sadr a accusé publiquement la CIA d'avoir créé l'État islamique dans un discours la semaine dernière, et des interviews suggèrent que la plupart des quelques milliers de personnes à la manifestation, dont des dizaines de membres du Parlement, souscrivent la même théorie. (M. Sadr est considéré comme proche de l'Iran, où cette théorie est très populaire là-bas aussi.)
Quand un journaliste américain a demandé à M. Araji de préciser ce qu'il reprochait à la CIA pour l’État islamique, il se retira: "Je ne sais pas. Je ne suis qu'une personne pauvre parmi tant d'autres ", a-t-il dit rapidement, dans un anglais courant, en reculant vers la porte ouverte d'un SUV avec chauffeur."Mais nous avons vraiment peur. Merci! "
La forte présence de cette théorie dans les rues souligne les profonds soupçons d'un retour de l'armée américaine en Irak plus d'une décennie après l'invasion, en 2003. L'entendre par contre dans la bouche d'un haut fonctionnaire indique clairement que le nouveau gouvernement irakien sera un partenaire encombrant dans la campagne menée par les américains pour chasser les extrémistes.
L'État islamique, également connu sous le sigle ISIS , a conquis la plupart des provinces à majorité musulmane sunnite dans le nord-est de l'Irak, aidé par le sentiment d'isolement de nombreux résidents de ces provinces face au gouvernement dominé par les chiites de l'ancien Premier ministre, Nouri Kamal al-Maliki. Le président Obama avait insisté à plusieurs reprises sur le fait que l'action militaire américaine contre l'État islamique dépendait de l'installation d'un gouvernement plus représentatif à Bagdad. Mais il est intervenu avant que cette installation ne soit complète.
Le Parlement n'a pas encore confirmé de candidat aux postes cruciaux de ministre de l'intérieur ou de la défense, en partie à cause de la discorde entre les factions sunnites et chiites, et les médias irakiens indiquent qu'il faudra peut être plus d'un mois avant que les postes soient pourvus.
La manifestation de samedi était la dernière d'une série de signaux des dirigeants ou des milices chiites, notamment ceux considérés comme proche de l'Iran, mettant en garde les États-Unis de ne pas renvoyer ses soldats sur le sol irakien. M. Obama a promis de ne pas envoyer des troupes de combat, mais il semble avoir convaincu que peu d'Irakiens. «Nous n'avons pas confiance en lui", a déclaré Raad Hatem, 40 ans.
Haidar al-Assadi, 40 ans, est également d'accord. "L’État islamique est une création des États-Unis et du Royaume-Uni, et ce afin d'intervenir à nouveau en utilisant l'excuse de l’État islamique"
Les milices chiites et des volontaires, continue t-il, ont déjà répondu favorablement à l'appel des chefs religieux pour défendre l'Irak face à l'État islamique et ce, sans l'aide américaine. "C'est notre manière de faire" a t-il dit, ajoutant que ces mêmes soldats feraient tout pour également maintenir les américains en dehors de l'Irak. "Obama n'interviendra pas car il connaît la puissance de la résistance chiite et il ne souhaite pas perdre de nouveau des soldats."
Le chef de l’État islamique a, pour sa part, déclaré samedi qu'il défiait le monde de l'arrêter.
"Les complots des juifs, des chrétiens, des chiites et tous les régimes tyranniques dans les pays musulmans ont été impuissants à faire dévier l’État islamique de son chemin," le leader, Abou Bakr al-Baghdadi, a déclaré dans un enregistrement audio publié sur Internet , en utilisant des termes très péjoratifs envers les chrétiens et les chiites (termes issus de l'histoire récente de l'Islam).
"Le monde entier a vu l'impuissance de l'Amérique et de ses alliés devant un groupe de croyants," a t-il dit. "Les gens se rendent compte maintenant que la victoire est du côté de Dieu, et qu'elle ne sera pas interrompu par des armées et leurs arsenaux."
Beaucoup au rassemblement à Bagdad se sont félicités des frappes aériennes contre l’État islamique de M. Baghdadi, mais sont contre des interventions américaines terrestres. C'est la position que M. Sadr a pris. Bon nombre des 30 députés soutiennent M. Sadr - d'un Parlement de 328 sièges - et ont assisté à la manifestation.
Les partisans de M. Sadr s'opposent à M. Maliki, l'ancien premier ministre, et beaucoup à la manifestation ont été prompts à critiquer l'ancien gouvernement pour les erreurs commises comme celle de ne pas avoir bâti d'armée plus fiable. "Nous avons eu une bonne armée, alors où est cette armée maintenant?" Demandé Waleed al-Hasnawi, 35 "Maliki leur a tout donné, mais ils ont juste laissé le champ de bataille."
Mais moins déjà ne blâme M. Maliki d'avoir éloigné les sunnites du pouvoir, comme les responsables américains affirment, même si des dérives sectaires dans les forces de sécurité dominées par les chiites ont pu être constatées.
Omar al-Jabouri, 31 ans, musulman sunnite d'un quartier à majorité chiite de Bagdad, qui a participé au rassemblement en tant que volontaire au sein d'une brigade chiite, a fait valoir que M. Maliki avait en fait éloigné la plupart des Irakiens du pouvoir, quelle que soient leurs origines.
"Il ne s'est pas contenté d'exclure et de marginaliser les gens sunnites; il a aussi trop mis de coté les chiites ", a déclaré M. Jabouri. "Il a aidé sa famille, ses amis, ses proches. Mais il n'a pas vraiment aider les chiites comme certains le pensent. "
Mais l'État islamique est une autre histoire a déclaré M. Jabouri. "Il est évident pour tous que l'État islamique est une création des États-Unis et d'Israël."
Source : New York Times
URL : http://www.nytimes.com/2014/09/21/world/middleeast/suspicions-run-deep-in-iraq-that-cia-and-the-islamic-state-are-united.html
La plus simple preuve de cette manipulation est que personne ne prendrait en otage des francais, deja pris en otage par un president a 13% d'opinion non-defavorable.
La question serait de comprendre pourquoi les américains reviennent si souvent dans cette région à coup de missile et de beaux discours de paix sans que personne ne change quelque chose..
Elle est jolie l'image, on dirait presque un grand échiquier...
Commentaire Zbi approved !
Je pense que l'EI est bien une création visant à piller et étendre le chaos au Moyen-Orient. D'après plusieurs photos l'EI est composé de plusieurs nationalités, des anciens militaires reconvertis en mercenaires. Le premier objectif de l'EI est l'argent. Pour ma part ce n'est pas une opération de la CIA. La CIA a beaucoup perdu sur les 10 dernieres années.
L'EI a touché des intérêts américains, français, Irakien, Syrien mais un pays n'a rien perdu à cause de l'EI : Israël .
Le Shin Bet et le Mossad sont totalement capable de créer un groupuscule de contre-insurrection comme l'EI. Au même titre que la CIA a créer Al Quaida fin des années 80 afin de déstabiliser les russes en Afghanistan et au Koweit. Cependant, l'impliquation indirect des Etats-Unis n'est pas a écarté, notamment dans la formation que la CIA a pu délivrer au Mossad ou au Shin Bet.
L'EI est une organisation terroriste d'un nouveau genre. Plus médiatique, plus dangereuse, plus riche et soutenus par l'occident.