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Pour en finir avec le conte de fées appelé Watergate Infos internationales

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Par Maurice Gendre

La fabrique narrative post-moderne se contente de déclarer à propos de Richard Nixon qu’il est l’homme qui a trahi la confiance du peuple américain, a provoqué une crise constitutionnelle sans précédent et a été obligé de démissionner piteusement en raison du scandale Watergate révélé par Bob Woodward et Carl Bernstein du Washington Post.

Passé ce storytelling qui ravira uniquement celui dont le niveau de conscience politique s’approche d’un adhérent du MJS, il n’est pas inutile pour les autres d’échafauder quelques hypothèses sérieuses, sur ce qui a réellement poussé Nixon à quitter le 1600 Pennsylvania Avenue à Washington le 9 août 1974.

Au passage, avant de détailler les très probables véritables raisons de la chute de Nixon, on remarquera que ce storytelling journalistique balaie d’un même revers de la main les grandeurs et les pires moments de cette présidence, qui pourtant fut décisive, et se contente uniquement d’ânonner des mantras sur les mensonges du Président Républicain à l’égard de « la Nation exceptionnelle ».

Les bombardements du Cambodge, les raids meurtriers sur Hanoï, la persécution des Black Panthers, la fin de la convertibilité dollar-or le 15 août 1971 qui déstabilisera durablement le système monétaire international, le renversement d’Allende etc. sont certes évoqués mais finalement moins que cette histoire de cambrioleurs attrapés dans les locaux du Parti Démocrate à Washington.
Les réussites sont elles évidement totalement niées ou occultées, et pourtant on peut citer : l’ouverture en direction de la Chine maoïste, le triomphe de la diplomatie du ping-pong, la Détente avec l’URSS, le traité SALT I relatif à la limitation des armements stratégiques, le retrait des troupes du Viêt Nam en 1973 après les accords de paix de Paris (malgré de tragiques tergiversations) etc.

Mais entrons dans le vif du sujet. Pourquoi certains ont-ils voulu se débarrasser de Nixon ?

Si on se réfère à l’ouvrage de Daniel Estulin intitulé La véritable histoire des Bilderbergers (éditions Nouvelle Terre), le peu d’empressement de Nixon à se lancer dans une politique de libre-échangisme intégral n’est certainement pas étranger à son éviction de la Maison-Blanche. Estulin écrit :

« A partir du moment où Kissinger fut établi en tant que Conseiller à la Sécurité nationale, Ellsberg, Haig et lui-même furent en mesure de lancer le plan « Watergate » du RIIA pour évincer le président Nixon après qu’il eût publiquement signifié qu’il n’approuvait guère le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT), une affirmation qui avait provoqué la fureur de David Rockefeller (p.82) ».

Estulin poursuit page 185 :

« Rockefeller était manifestement furieux à propos de la New Economic Policy de 1971 de Nixon, qui essayait d’imposer la gestion par le gouvernement des éléments les plus basiques du marché à travers le contrôle des prix et des salaires, ainsi que par des tarifs douaniers accrus. Nixon y parvient pendant 90 jours en gelant les salaires et les prix pour contrôler l’inflation. La position de Nixon était en contradiction avec celle de Rockefeller. »

Dans le même ordre d’idées, on rappellera les propos du journaliste d’investigation Webster Griffin Tarpley en 2010 sur Infowars : « Nixon voulait une présidence impériale, être autoritaire, il voulait avoir une présidence forte et c’est exactement ce que l’oligarchie ne voulait pas. Le Washington Post est vraiment l’organe du système de la Réserve fédérale. Le Post fut dirigé par Eugene Meyer (futur président de la Banque mondiale, NDA), un protégé de la FED […]Le Washington Post soutient toujours une présidence faible ».

Autre point qui a dû coûter très cher à Nixon : la politique de détente menée avec l’URSS brejnévienne et une volonté de remettre progressivement le complexe militaro-industriel (CMI) sous la tutelle de l’autorité politique.

Ci-dessous deux extraits d’articles glanés sur l’indispensable site Dedefensa consacrés à ce sujet.

Premier extrait :

En plein Watergate (1973-1974), suite directe d’un “coup d’État” bureaucratique des chefs militaires camouflé, dans son issue, en monument à la gloire libérale et médiatique de la Grande Amérique, Nixon se tourna vers Brejnev, qui le soutenait de toutes ses forces de l’extérieur […] L’ambassadeur de l’URSS à Washington Dobrynine a témoigné dans ses mémoires que les deux hommes ont travaillé conjointement pour tenter de trouver une solution commune décisive à l’affrontement de la guerre froide ; il fait lui-même allusion à l’action du président du Joint Chiefs of Staff (l’amiral Moorer) contre Nixon, que le KGB avait suivi de près. Dobrynine signale justement qu’une entente entre les deux hommes aurait pu déboucher sur une opération type-glasnost liquidant la puissance de leurs CMI respectifs.

Second extrait :

On sait par ailleurs combien nous croyons juste la thèse du livre The Silent Coup de Len Colodny et Robert Gettlin paru en 1992 […] Comme l’on sait, The Silent Coup décrit le Watergate comme le résultat à l’origine d’un complot effectivement bureaucratique du Joint Chief of Staff, avec la complicité de Bob Woodward, ex-agent de la Navy passé au Washington Post.

Pourtant, Nixon était un “président de guerre”… Mais il avait une politique de “détente” avec l’URSS qui était perçue par les chefs militaires et leurs bureaucraties comme une attaque indirecte puissante contre le Complexe. Selon Silent Coup, le Complexe eut donc la peau de Nixon et le monde, essentiellement les intellectuels libéraux US et européens comme d’habitude emportés par leur idéologie, se félicita bruyamment du bon fonctionnement de la grande démocratie américaniste. Selon Anatoly Dobrynine, l’inamovible ambassadeur soviétique à Washington du temps de la “détente”, le Watergate fut effectivement de cette sorte: «So our inclination was to think that Watergate was some kind of intrigue organized by his political ennemies to overthrow [Nixon]. And, in Moscow, most of these ennemies were considered anyway to be the opponents of better relations [of the US] with the Soviet Union.» (In Confidence, Random House, 1995).

Ajoutons aux informations de Dedefensa, qu’il est désormais admis qu’une partie des fameux Pentagon Papers de juin 1971, qui ont été très largement diffusés par Daniel Ellsberg (ancien analyste employé par la RAND Corporation…) et publiés par le New York Times, et qui ont empoisonné fortement la présidence Nixon, ont été modifiés et falsifiés selon les informations de Fletcher Prouty, qui était en charge des « black ops » (opérations noires) pour le Pentagone.

Enfin dernier point, sans-doute non-négligeable là aussi dans la chute de « Dick » : sa judéophobie qui était bien connue au sein de cercles washingtoniens très influents. Ses sorties pour le moins virulentes avec son confident le révérend et prédicateur Billy Graham sur ce thème étaient déjà connues (leur conversation dans le Bureau ovale, le 1er février 1972, issu des enregistrements des archives nationales, NDA), mais la publication des dernières bandes jusqu’alors secrètes des échanges téléphoniques en 2013 a confirmé que le 37 ème président des États-Unis ne portait guère « le peuple élu » dans son cœur. En août 2013, le Huffington Post avait consacré un article à ces révélations, dont voici quelques passages : « Surmené, le président ne mâche pas ses mots, et imagine des complots partout. Le 19 avril (1974, NDA), a repéré The Atlantic Wire, il décroche son téléphone pour joindre Henry Kissinger, son secrétaire d’Etat. Nixon craint alors de voir « les juifs » saboter un sommet imminent avec l’URSS, ce qu’il promet de leur faire payer.

« Laissez-moi vous dire Henry, ça va être la pire chose qu’il va arriver aux juifs dans l’histoire américaine ». Plus loin il rajoute: « Je vais rejeter la faute sur eux, et je vais le faire publiquement à 9 heures du soir devant 80 millions de personnes ». Kissinger, pourtant juif, lui répond: « Je suis entièrement d’accord ».

Richard Nixon avait l’habitude d’exprimer son antisémisme auprès de ses proches collaborateurs. Dans un coup de fil à Robert Ziegler, son porte-parole, il fait part de son désir de virer son avocat Leonard Garment: « Que Dieu maudisse son âme juive ! ». Le 12 juillet, il discute des futures nominations judiciaires avec son chef d’Etat-major Al Haig: « Pas de juifs, c’est clair ? Nous en avons assez », a relevé NBC. D’autres extraits antisémites avaient été rendus public en 2010,décrites dans le New York Times, « Les juifs ont juste une personnalité très agressive, mordante et exécrable » ; « Le truc, c’est l’insécurité. L’insécurité latente. La plupart des juifs ne sont pas sûrs d’eux. Et c’est pour ça qu’ils ont besoin de prouver des choses ».

Des déclarations ne faisant donc guère preuve d’un philosémitisme débordant et que l’Anti-Defamation League et l’AIPAC doivent encore lire aujourd’hui avec un regard ému…

Ce dernier point n’est sûrement pas étranger à l’entretien de la légende noire de Nixon et à l’impossibilité de ré-évaluer d’une façon plus juste et plus équilibrée cette présidence.

Commentaires récents

  1. bonfils

    Nixon était une marionnette de Kissinger et de Rockefeller, c’est toute cette clic d’oligarques qui dirigent les USA, et le monde, depuis des décennies, avec le contrôle de la fausse monnaie mondiale il ont pris le pouvoir total, une démocratie, une paix ou une politique de partage est impossible, aussi longtemps que cette vermine dirige le monde.
    Kissinger Rockefeller, Rotchshield et tous les autre que l’on ne connais pas, qui se cache derrière ses grandes banques, font et dé fond des hommes politiques, il font les guerre les révoltes, ils contrôle l’éducation , la recherche, la presse, et cela depuis très longtemps, se qui est arriver à Nixon peu arriver à n’importe quel homme politique s’il ne file pas droit.

  2. Marc ROUSSEL

    C’est bien d’actualiser ses infos et lever le voile insipide des déclarations officielles…

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